Lancement officiel du premier centenaire de la commune libre de Montmartre (21 janvier 2020)

Pour fêter ce glorieux anniversaire, la commune a choisi sa mairie et amie de longue date : le cabaret Chez ma cousine. Un centenaire ça ne se fête pas tous les ans, ce n’est pas un ordre d’un jour commun que l’on prépare au dernier moment, n’importe comment, chez n’importe qui. Il faut réunir des amis, s’attabler autour d’un bon esprit, lever son verre au temps passé et boire avec le cœur libéré des faux semblant.
Depuis plus d’un an, la commune se prépare, notre président préside à tous vents, notre maire materne l’éclosion, notre secrétaire secrète et résume, notre trésorière déterre les fonds…
Ce soir, c’est enfin le grand soir, du sommet de la butte c’est le lancement !
Le cabaret est rempli, notre Maire, Marielle Frédérique Turpaud, prend la lumière de la scène et nous harangue  d’un discours poétique :

Ce siècle avait vingt ans. Finie la Grande Guerre !
Fini le cauchemar et bonjour le présent !
Les bonheurs de Montmartre replongent dans l’instant
Dans le rire et l’art, en négligeant de déplaire.
Les gros bourgeois sérieux jouent à la politique,
Les affiches collées, les journaux de partis.
On promet des projets, cachant ses appétits,
Tout s’étripe en travers, bramant des polémiques.
C’est ainsi qu’à la fin des tristes résultats,
Les cerises en fleurs et les âmes en vague
Les chansonniers pamphlets et les Muses qui draguent
Veulent un autre monde, une île ou un État.
C’est la Commune Libre et sa fière peuplade
Séparée de l’Etat par son garde-champêtre !
Le palais est la rue ! Et le Maire décrète
Que la Butte sera autonome bourgade !
Les années ont passé, repérant les Vendanges
Comme des Olympiades aux parrains connus ;
Un croquis de raisin ; un peintre et la Goulue ;
Les Renault rue Lepic et les gâteaux qu’on mange.
Et ce siècle a cent ans au bout de ses décades.
Il n’y a pas de trop pour agrandir ce jour
En chantant, en riant, les tableaux et l’amour
Sur ce podium géant aux nobles ambassades.
Les mariages heureux des photos argentiques
Nous reviennent au jour dans des revues antiques ;
Le passé au présent vient nous chanter ses rêves,
Les poulbots entendront lancer au clair de lune
Les poètes d’antan, la princesse à la brune,
Reflets d’accordéon et d’orgue sur nos lèvres…

C’est parti, c’est lancé : Urbi et Orbite !

Notre président, fraîchement hospitalisé, n’est pas là, mais son esprit est bien palpable et c’est notre secrétaire qui préside au pied levé pour tenir compte des évènements en cours de fermentation. Enfin, avec toute la délicate férocité qu’on lui connaît, notre maîtresse des phynances, d’une avidité sans nom, rappelle en trinquant, qu’une fois tous les cent ans, il n’est pas inconvenant d’apporter quelques liquidités supplémentaires !