Hommage à Gilles Guillet

La Commune Libre de Montmartre accompagne aujourd’hui le Grand-Maître de la Commanderie du Clos-Montmartre, avec nous tous, les villageois. Depuis son île cardiologique, Marielle Frédérique TURPAUD, Maire de la Commune Libre, vous transmet son émotion.

J’ai bien connu Gilles GUILLET et on se croisait souvent aux quatre coins des places et des ruelles.

Et pourtant j’ai la sensation de ne pas l’avoir assez connu.

Car cet enfant de Rennes est né dans la passion de la pâtisserie familiale.

Et voilà pourquoi, dans la cuisine de chez MICHOU, il dresse avec art l’imposant gâteau d’anniversaire du Ministre de la Nuit.

Car à Paris il élucide les dossiers complexes de son cabinet d’expertise comptable ;

et voilà pourquoi il sait désentortiller l’addition des copains, à la fin d’un joyeux dîner à nos restaurants,

au-delà de Claire BRETECHER ou de Muriel ROBIN.

 

Car Gilles entre dans les mystères de notre morceau d’arrondissement, avec son expérience de chef de tribu en Côte d’Ivoire ou en Guinée-Conakry ;

et voilà pourquoi il travaille à la République de Montmartre de Suzon DENGLOS-FAU et au Comité des fêtes du XVIIIme.

Notre vignoble et ses 1700 pieds plantés en 1933 devaient être reconnus : le président Maurice HIS crée en 1983 une confrérie vineuse digne de son histoire, la Commanderie du Clos-Montmartre, au costume rouge et bleu de la ville de Paris …

… qui est notre banlieue.

Voilà pourquoi c’est la silhouette de Gilles GUILLET, comme dignitaire puis Grand-Maître, qui est le point focal des photographies des Vendanges.

À ce sujet, la cuvée DALIDA d’octobre 1997 reste dans les mémoires : vous en trouvez des bouteilles classées au Musée du Vin.

Oui le Château d’Eau de 1835 est désaffecté en 1927 ; et voilà pourquoi son architecture Charles X sert d’écrin aujourd’hui à la Commanderie et sa collection, aux intronisations et aux événements liés aux vignes.

Elle est également entourée de 200 pieds depuis 2006.

 

Toujours dans la logique des traditions vinicoles, Gilles GUILLET soutient et fait revivre en 2004 chez nous la fête de Saint Vincent, le diacre enivré de Dieu et martyr sur un pressoir, la fête qui tourne de vignoble en vignoble.

Pour honorer le site des dames bénédictines de 1147, désormais c’est la statue du diacre sculptée en poirier par PAUL et NICOD qui règle la messe de janvier depuis 2006.

… Regardez-la, cette statue, au fond de l’église, elle attend la fête prochaine ! et nous devons lui dire que Gilles ne sera pas là.

 

La Commanderie, le Château d’Eau, la République, la Commune Libre, les Vendanges,

tous ces moments du Village farfelus ou symboliques,

malmenés par les règlements sanitaires,

persévérant dans l’humour corrosif

à travers tous les tristes croûtons d’en-bas en-dessous du boulevard,

tous ces moments, Gilles y était partie prenante, la cerise sur le gâteau, et aujourd’hui on continue sans lui.

C’est certainement ce qu’il veut que nous tous nous fassions : continuer comme lui et, dans un sens, continuer avec lui.

 

J’ai bien connu Gilles GUILLET et on se croisait souvent aux quatre coins des places et des ruelles.

Et pourtant j’ai la sensation de le croiser maintenant, avec MICHOU et avec JANBRUN,

en rigolant,

dans le roulement des barriques de beaujolais nouveau à l’aube,

et des claquements des diables qui emportent le soir les chevalets des peintres

sur les pavés de Poulbot.

 

Marielle Frédérique TURPAUD, maire depuis 1998