Marielle-Frédérique TURPAUD

Maire de la Commune Libre de Montmartre de 1998 à 2024

En visite officielle à Liège à l’invitation de la République Libre
d’Outremeuse, elle se présente :
– Née à Saint-Germain-des-Prés, de plusieurs générations de
Parisiens amoureux de leur ville, mon père était chansonnier à
Montmartre et conférencier à l’Ecole du Louvre.92
Tout récemment, Marielle-Frédérique Turpaud confie quelques
secrets très personnels.
– J’ai d’abord vécu dans l’or et la soie, avec des meubles Louis XV
signés. J’avais des gants pour tenir les livres anciens dans la
bibliothèque. Puis, à la mort de ma grand-mère, j’ai découvert la partie
bohème de ma famille, avec des artistes, des chanteurs qui se
retrouvaient à l’Écluse, ce cabaret rive gauche où a débuté Barbara. C’est
amusant la Bohème quand c’est une chanson d’Aznavour, mais ça l’est
moins avec un bol de riz par jour à la façon de Mao, surtout quand ce
n’est pas tous les jours.93
En 1965, Marielle dessine déjà sur la place du Tertre. En mai 1968,
on la retrouve, jeunette, juchée sur les épaules d’un manifestant. Un
photographe a même immortalisé la scène et publié la photo, ce qui a
permis à ses parents de savoir que Marielle avait séché les cours.
Marielle-Frédérique Turpaud, toujours munie de ses crayons et de
ses cartes, ne manque jamais une occasion, lors d’une réunion ou d’un
diner, pour croquer tel ou telle ou bien rebondir sur un mot, une phrase,
une attitude. Certains de ses amis ont une collection impressionnante de
ses dessins avec ses fameux « turpauds », ces petits gamins
impertinents, facétieux et sympathiques.
Après avoir animé le cabaret L’Échelle à Coulisse, sorte de scène
ouverte mensuelle où sont venus se produire les futurs talents de la
92 La Dernière Heure – 16 août 2004.
93 Dix-huit Les Nouvelles – n°39 – printemps 2019
161
chanson française jusqu’en 2015, elle tient aujourd’hui un « café philo »
dont elle introduit chaque séance par une présentation en vers.
Elle écrit aussi des poèmes, des chansons, des textes historiques
sur Montmartre, des livres, des articles.
Des poèmes, Marielle-Frédérique Tupaud en prépare pour chaque
événement. Nous avons sélectionné celui-ci, daté du 26 brumaire 217 (cidevant
16 novembre 2008).
LE BLEU DE MICHOU
Le bleu comme un ciel bleu qui se serait posé
Sur la butte Montmartre en négligeant l’hiver,
C’est le bleu de Michou ! et les gens à l’envers
Se tournent titubant pour le suivre passer.
Le bleu de son coeur bleu tant ouvert qu’il fallut
Un jour le repriser par chirurgie savante.
Le bleu du rire bleu que sa bonté enchante
Et qui repeint en bleu le grisâtre des rues.
Le bleu de notre vie quand pâle vient l’aurore.
Pour nous l’Est de Paris c’est là-bas Belleville,
L’autre colline au loin, isolée comme une île :
Nous ici Robinsons que les chansons dévorent.
Le bleu de sa nuit bleue au long de nos nuits blanches,
Quand la rue des Martyrs aimante nos chagrins :
Oublier chez Michou que tout est vide et vain,
Vivre la vie en rose et se croire dimanche.
Le bleu que nul dieu bleu ne peut mettre en glaïeul,
Le bleu qui met en joie les flûtes de nos fêtes,
Capté par la photo auprès de mille têtes,
Le bleu d’entre les bleus que Michou porte seul.
Au ban des vendanges de Montmartre qui précède le défilé
folklorique, la lecture de son poème (une ballade en général) est attendue
avec impatience par les autorités et les autres associations
montmartroises.
Comme son prédécesseur Jehan Mousnier*, Marielle est chevalier
de la Confrérie du Tastefesses*.
162
En sa qualité de sociétaire de l’Académie Alphonse Allais, elle a
participé assidument au travail académique de confection du Dictionnaire
ouvert jusqu’à 22 heures. On lui doit notamment la définition suivante :
UBIQUITÉ n.f. Sensation d’être partout à la fois, simultanément et
en même temps au moment où le taux d’alcoolémie devient
critique.
Elle a illustré le recueil de poésie Bas les Masques ! de Pierre
Bondel en 2007, ainsi que l’affiche pour le spectacle Merci d’être avec
nous de René de Obaldia en 2011.
Elle a écrit de nombreux articles historiques sur les rues de la
Butte, dans la Gazette de Montmartre, revue du Syndicat d’Initiatives de
Montmartre et publie des articles dans des revues d’études spirituelles et
ésotériques.
Ouvrages publiés :
Le Yi-King, Solar, 1986
Le Tarot de Marseille, Solar, 1987
La Bague égyptienne, Editions Pourpres, 1989.
Le Sacramentaire du Devin, Dervy, 1993
Les galets marqués, Dervy, 1998
Le B.A. BA de la géomancie, éd. Pardès, 1999
Le B.A. BA du Yi-King, Pardès, 2000.
Illustrations des Fables et Contes d’Yves Tarantik, éd. Thierry Sajat, 2004