Le Bon Bock – Historique du Banquet par Marielle-Frédérique TURPAUD (Vème Maire)

NOTICE HISTORIQUE par Marielle-Frédérique TURPAUD
Le Conseil Municipal de la Commune Libre de Montmartre du 16 ventôse 206 ayant décidé à l’unanimité (plus une voix) de rétablir le repas du Bon Bock, vous êtes conviés à célébrer la vente du tableau de Manet « Le Bon Bock » en festoyant ensemble pour le banquet annuel (555me banquet prévu pour l’année grégorienne 2016 par le nouveau Bureau).

La tradition du Bon Bock fait se rencontrer des artistes d’esprit montmartrois et leurs amis depuis 1875, date de la vente du tableau de Manet que Bellot, le modèle, fêta par un banquet.
Un Président du repas est élu pour une seule fois, et doit faire un discours de 30 minutes sur lui-même.
Ensuite, tour à tour, sous la vigilance du grelot du Président, les chanteurs chantent, les poètes déclament, les musiciens jouent, les peintres boivent, les dessinateurs croquent, et tous les bonbockeurs se régalent.

La tradition précise l’immuabilité du menu : « soupe à l’oignon, langue piquante et gigot » mais la langue piquante est aujourd’hui représentée par la verdeur des propos !
Les dames sont admises à cette nouvelle génération du Bon Bock, mais elles ne devront pas avoir froid aux yeux ni aux oreilles !

« Le Bon Bock » est une huile sur toile qui mesure 94x83cm. Exposition au Salon de 1873; seul grand succès public d’Edouard MANET, après « Le Guitariste » de 1860. Il est conservé au musée de Philadelphie.
Etienne Carjat (écrivain et caricaturiste communard, 1828-1906) décrit Bellot, l’un des amis de Manet, qui posa 80 séances, dans un poème qui accompagnait la lithographie tirée du tableau et qui désormais accompagne nos menus dessinés pour la circonstance.
On relèvera les allusions à la guerre de 1870. « Humer le piot » (le vin) : être saoul. « Le Siège » de Paris en hiver 1870-1871 : Bellot a été garde national volontaire, comme beaucoup d’ouvriers parisiens. Les « cinq milliards » de francs-or sont l’indemnité de guerre fixée au traité de Francfort (10 mai 1871), et la France est occupée par les Allemands du tout jeune Empire jusqu’à paiement complet (septembre 1873).

La Commune de Paris dura du 18 mars au 27 mai 1871 et reste vivante au cœur de tous les rebelles de l’époque, même si elle ne doit être mentionnée nulle part, d’où le succès du Temps des cerises, chanson de 1864 du communard Jean Baptiste Clément, où les « gouttes de sang » deviennent un langage codé (voir l’article d’André Dumas à ce sujet dans La Gazette de Montmartre du printemps 2011).
En 1873, Versailles était encore le siège du gouvernement qui prêchait le retour à l’ordre moral.
Deux ans plus tard, Bellot organisa un « repas du Bon Bock » lors de la vente de son tableau en 1875.
Le tableau de Manet, représentant son ami Bellot, sa pipe et son bock de bière, fut le prétexte à une fête mémorable lors de sa vente en 1875. Le premier peintre du groupe qui vendit une toile offrit, à son tour, un banquet avec le même menu et le même grelot : la tradition était née.

Sources historiques : Marielle-Frédérique Turpaud, cinquième maire.